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Silence (Atelier d’écriture) – VALUNIVERS – CHRONIQUE DES TEMPS FUTURS

Silence (Atelier d’écriture)


Silence

Atelier d’écriture / Texte court inspiré par une photo

Laissez-vous porter par mon histoire et découvrez à la fin la photo qui m’a inspirée.

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Depuis 5 minutes, presque au rythme du tictac d’une horloge, la sonnette de ma porte d’entrée raisonne dans tout l’appartement. Elle me vrille les oreilles, faudrait vraiment que je pense à couper les fils.

–       Jérôme ! Je sais que tu es là ! Ouvre cette fichue porte !

Elsa…ma meilleure amie depuis le primaire. Une charmante enquiquineuse qui a le talent de ne jamais se pointer au bon moment. Faut dire que depuis quelques mois, je ne suis plus le pote idéal, le confident, le fêtard, l’écrivain à la mode, qu’Elsa aimait tant traîner dans ses soirées.

Non, depuis qu’Aurélie m’a quitté, mes journées, mes nuits, sont rythmées par la noirceur de mon âme. J’aime m’y noyer, m’enfoncer chaque fois plus loin dans mes questionnements, mes colères, mes hurlements et mes pleurs qui me laissent épuisés sur la moquette usée du salon.

Quand la douleur du manque d’Aurélie, de son odeur, de son rire est trop intense, je n’ai qu’un seul souhait : ne plus penser à Elle…. Faire en sorte que mon cerveau se déconnecte au plus vite à coup de grands shots d’alcool pour sombrer au plus vite dans l’insouciance de l’ivresse.

Un bruit de clé dans la serrure me sort de ma torpeur.

Merde. J’avais oublié les avoir confié à Elsa pour arroser les plantes l’été dernier. Les plantes d’Aurélie d’ailleurs. Plantes qu’elle a oublié de reprendre en partant ! Elle qui s’est lâchement enfuie en me laissant ce « doux » mot sur l’oreiller : « Ce n’est pas de ta faute »

–       Fous-moi la paix Elsa ; Casse-toi !

–       Non…ça suffit maintenant. Je t’ai regardé pendant trois mois t’enfoncer jour après jour, ne plus répondre à mes appels, à te rouler en boule ! Regarde-toi un peu ! tu pues l’alcool, tu pues tout court.
Aurélie s’est cassée ok. Tu ne méritais pas ça, ok. C’est une salope de connasse de merde ok ! Je t’ai entendu rabâcher ça mille fois.
Maintenant mon gars, tu te lèves, tu prends une douche et pendant ce temps, je nous fais du café… J’ai ramené les croissants.

Je la regarde interloqué. Je n’ai pas entendu autant de mots à la suite depuis des semaines. Son flot de paroles me saoule encore plus que la vodka d’hier. Je n’ai qu’une envie : qu’elle se taise. Je vais me barrer, ouais c’est ça…puisque tu envahis mon territoire, je vais me relever ou plutôt ramper vers…

Je n’irai pas loin…La tête me tourne. Je réussis à me tenir assis. Cela tient du miracle. Je regarde Elsa sortir un sac poubelle pour virer tout ce qui traîne au sol. Bouteilles vides, boites à pizza….
Je n’ose pas la regarder en face. Je viens de franchir une nouvelle étape : celle de la honte.

Elsa passe devant moi à plusieurs reprises. Elle aussi évite de croiser mon regard. Nous sommes tous les deux gênés par la situation. C’est ridicule, nous parlions tant avant.

A son énième passage, je reçois sur la tête des fringues propres.

–       Vas te laver !

Pas un sourire, pas un mot de plus. Elle me laisse là, à ramper vers la salle de bain. Je la maudis bien sûr, mais je l’admire aussi, je la remercie intérieurement d’être là. D’avoir toujours été là pour moi…

C’est sur mes deux jambes que je sors de la salle de bain. L’odeur du café me donne mal au cœur mais en gentil garçon que je suis, je la rejoins sur la table basse où elle nous a préparé un petit déjeuner digne d’un grand palace. Café, croissants, pain frais, beurre, confiture et jus d’orange.

J’esquisse un sourire et toujours sans un mot avale mon jus d’orange et commence à manger.
Je me sens mieux, l’esprit plus clair, mais je ne sais pas par où commencer. Que lui dire à part merci d’être là. Même ces trois mots, je n’arrive à les prononcer.

La gêne est réciproque. Elsa se lève, prend son manteau et lance un « Suis-moi ».

Le mec rebelle n’existe plus. J’enfile mon pull et referme la porte de mes nuits sombres derrière moi. Je lui dois bien ça. L’air frais me fait du bien. Je m’accroche à son bras et ferme les yeux ; la tête me tourne.
Nous n’échangeons toujours aucune parole. Parfois les mots sont inutiles. Je ne suis pas doué pour la parlote, je peux juste coucher des mots sur le papier, sortir un best-seller et attirer les jolies filles qui me largueront 3 mois plus tard.

Nos pas nous mènent tout droit au parc où avec Aurélie nous nous promenions et nous enlacions tous les jours. Je deviens blême ma main se crispe sur le bras d’Elsa. On s’assoit sur un banc. Je fais semblant de ne pas voir derrière moi le couple allongé dans l’herbe, se câlinant, s’embrassant, rigolant tout doucement en s’échangeant des paroles d’amour éternel.

Je me concentre sur le soleil qui chauffe mon visage. Je me concentre sur ma respiration. A chaque nouvelle inspiration, je sens la vie remonter en moi. Je ferme les yeux. Instinctivement, je sors de ma sacoche mon carnet à idées et j’écris, je ne pense plus. Les mots glissent automatiquement sur la page blanche. Des mots sans queue ni tête, mais qu’importe, sous ma plume, le « Nous » fait place au « Je ».

Quand je lève mon stylo, j’ai froid.

Le jeune couple a disparu.

Je cherche Elsa du regard.

Elle n’est plus là.

Telle une illusion, elle s’est effacée. A sa place, une photo imprimée sur laquelle je reconnais son écriture :

atelier d'écriture Renaissance
Photo : © Romaric Cazaux – Texte : © Valérie Guichon – 2015

« Seuls ceux qui se préoccupent de toi peuvent t’entendre lorsque tu es silencieux…. »

 

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Ceci est ma première participation à l’atelier d’écriture de Bricabook.
Merci à Yann Nimentrix, de m’avoir donné l’envie à la lecture de ses textes, d’y participer.

N’hésitez pas à commenter, formuler des critiques constructives,  me donner votre avis, m’encourager…ou pas d’ailleurs. Encore une fois, l’important c’est l’échange !

Le but pour moi n’est pas de devenir écrivain, mais de faire fonctionner mon imagination à partir d’une photo. Pas facile celle-ci d’ailleurs. Moi qui n’aime que la science-fiction et les polars, je n’ai pu écrire qu’un texte de littérature plus classique, conventionnel. Mon conjoint a trouvé cela amusant…


22 réponses à “Silence (Atelier d’écriture)”

  1. Clap clap clap ! Pour un coup d’essai, c’est un coup de maître ! Tu as une écriture très « sensitive » a la fois visuelle, auditive, tactile, le lecteur est littéralement happé par la scène ! Une expérience à renouveler chaque semaine !

  2. Bonjour,je ne fais pas partie depuis assez longtemps de l’atelier d’écriture pour me sentir en droit d’emettre des critiques!!….J’ai bien aimé l’idée pour aborder cette photo et votre texte se lit comme un mini-roman…A la semaine prochaine!

  3. Très beau premier texte! J’aime particulièrement la fin.
    J’ai souri en voyant ce passage : « Nos pas nous mènent tout droit au parc où avec Aurélie nous nous promenions et nous enlacions tous les jours » car il m’a fait penser à un passage de mon propre texte.

  4. Un très joli premier coup ! 😀 J’espère bien que cette semaine la photo t’aura elle aussi inspirée. 😉
    Une description très « sensuelle » dans le sens où tu convoques tous les sens pour ta narration. Le lecteur se trouve alors pris dans tes filets ! 🙂

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