Daniel Keyes : Les 1001 vies de Billy Milligan


Les 1001 vies de Billy Milligan

Daniel Keyes

Sélection du Prix des lecteurs du Livre de Poche 2009 : février

Daniel Keyes s’est attaché a raconter, sans jamais émettre de jugement personnel, la vie de Billy Milligan. William Stanley Milligan, alias Billy est un jeune américain souffrant d’un syndrome de personnalité multiple. Son histoire fit grand bruit dans les années 70 car ce fût l’un des premiers hommes à être acquitté dans une affaire criminelle, du fait qu’il n’était pas responsable pénalement de ses actes.

Cette maladie psychologique apparaît en général au moment où le cerveau refuse de rester connecté avec la réalité. Tout comme un fusible proche de la rupture, il saute. Il n’est plus capable de supporter les situations de stress.

Et, pour ce qui est du stress, Billy Milligan en a connu de multiples. Suicide de son père, violences verbales de sa mère, violences physiques, psychologiques et viols répétitifs de son beau père.

Billy a réussi à ne pas devenir fou en se fragmentant et en laissant la place à une partie de lui-même plus apte à absorber ces moments difficiles.

Ce qui m’a marqué, c’est l’exploit réalisé par l’auteur, (c’est ainsi qu’il se nomme dans le livre), pour gagner la confiance de Milligan et reconstruire pas à pas toute une vie brisée pour la livrer au public. Il en a fait un roman déchirant, unique et inclassable.

La rencontre avec l’intimité de Billy se passe en trois étapes :

Dans la première partie, le lecteur est plongé au cœur d’un roman policier. On assiste à l’arrestation de Billy Milligan qui ne comprend pas du tout ce qu’on lui reproche. Il clame à grands cris son innocence, mais des preuves accablantes sont retrouvées chez lui et les victimes de viols le reconnaisse sans aucune hésitation. La comparaison avec le polar s’arrêtera là car Les 1001 vies de Billy Milligan n’est pas vraiment un roman policier.

C’est lors de différents entretiens avec leur client que les deux avocats de Billy observent que le comportement de ce dernier est instable et irrationnel. D’inquiétants changements dans son attitude les invite à demander l’intervention d’experts en vue d’une évaluation psychologique.

Dans la deuxième, Billy accepte de rencontrer un écrivain intéressé par son histoire. C’est Daniel Keyes himself présenté à la troisième personne, il est « l’écrivain ».

L’écrivain vient avec sa caméra et tour à tour, les personnages prennent la parole racontant avec force d’anecdotes, leur vécu et leur passage sous « Le projecteur » qui les mène vers la conscience éveillée. Comme dans un jeu vidéo, chaque « habitant » prend le projecteur et fait bouger, parler et agir le corps de Billy. L’habitant qui prend la suite n’a aucune idée de ce qu’à fait le précédent. Imaginez sur quelle genre de situation cela peut déboucher !

Nous faisons la connaissance d’Arthur, l’érudit anglais, Ragen le yougoslave extrêmement violent, Tomy le roi de l’évasion, Allen négociateur et magouilleur et de bien d’autres encore.

L’écrivain film chaque intervention. Quand cela est nécessaire, il montre à un autre habitant ce qu’à fait son comparse. Ainsi petit à petit, Billy fusionne et nous assistons avec tous les habitants, à l’émergence du « Professeur » qui n’est autre que Le Billy réunifié. Cette deuxième partie est pour une grande part consacrée au récit que fait le Professeur de la vie de Billy Milligan, de sa plus petite enfance à son arrestation. C’est d’ailleurs cette partie qui est à mes yeux la plus passionnante. Toutes ces personnes sont très attachantes.

Dans la troisième nous suivons plusieurs tentatives de fusion des 24 personnalités. Elles sont de sexe, d’âge et de caractère différents. Il est frappant de voir avec quelle pugnacité Billy ne cesse de tenter de se reconstruire et fusionner toutes ses personnalités. Chaque avancée est fragile et la fusion ne tient pas toujours, mais Billy Milligan a l’optimisme chevillé au corps : malgré l’hostilité flagrante de la presse, du public et d’une partie du personnel soignant ce dernier réussit à chaque coup à se relever.

Daniel Keyes vient de sortir la suite « les mille et une guerres de Billy Milligan » qui parle des années de lutte acharnée de Billy. Ses avocats lui ayant évité la prison, nous le retrouvons interné à nouveau dans un hôpital psychiatrique.

Pour ceux qui ne connaissent pas bien l’auteur : je vous conseille très vivement de lire Des fleurs pour Algernon. Ce roman restera à mes yeux le meilleur livre qu’il ait écrit jusqu’à aujourd’hui.

 

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5 réponses à “Daniel Keyes : Les 1001 vies de Billy Milligan”

  1. Le beau billet que voici ! Tout à fait d’accord la seconde partie celle du professeur où tout les habitants ce révèlent est vraiment extraordinaire. Se sera mon choix !

  2. Coucou Efelle !
    Et bien si tu as une bibliothèque près de chez toi ou un gentil copain prêteur, fonce.
    Ce livre est quand même très intéressant mais c’est vrai que Des fleurs pour Algernon ne lui arrive pas à la cheville. Mais il faut se méfier des souvenirs ! je l’ai lu il y a une bonne 20aine d’années. Si je le relisais aujourd’hui je serais peut-être surprise !

    Hello Chris,

    Ca a été mon choix aussi…Je suis quand même étonnée de la sélection de ce mois de février. Polar ? thriller ? les 2 livres sélectionnés n’appartiennent pas vraiment à ces 2 genres de littérature.
    Mais voyons la sélection de mars qui vient d’être envoyée 🙂

  3. J’ai adoré « des fleurs pour Algernon » un magnifique roman. Je pense lire « les 1001 vies de Billy Milligan » dans quelques mois.

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