Richard Harland : Le Worldshaker


Richard Harland

Le Worldshaker

Éditeur : HELIUM (3 mars 2010) (368 pages)
Traduction de Valérie Le Plouhinec
Illustration de Séverin Millet
genre : Science-fiction / Steampunk / Uchronie

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“Tout cela est à toi, colbert. Tu régneras sur ce mégalonef et sur tous ses passagers. Dix mille personnes.
– Y compris les Immondes, monsieur ?
– Dix mille personnes et deux mille Immondes.
Encore un tour sur lui-même. Le vent bourdonnait aux oreilles de Col et brouillait sa vision.
– Ce colosse de fer, Colbert, cette montagne mécanique, cette force de domination…tu seras lui et il sera toi. Est-ce conforme à ton désir ?
– Oh oui, monsieur.
Et C’était vrai, crétait vrai ! La majesté de tout cela lui donnait le vertige, le grisait. Il ne pensait plus à son devoir envers la famille Porpentine ni à la reine Victoria. Crétait pour ceci qu’il était né, c’était son héritage !”

Le Worldshaker, immense mégalonef de 4 km de long et 1200 mètres de large, 12 000 personnes, entreprend un voyage sans fin. Tout ce qui représente la monarchie et l’aristocratie anglaise est à son bord, la reine Victoria gouverne

L’intrigue est on ne peut plus simple. Dans ce mégalonef, on retrouve tout ce qu’il y a de plus mauvais dans une société. Tout est hiérarchisée. Hyper hiérarchisé même.
Col, 16 ans, fait partie d’une des familles les plus prestigieuses. D’ici deux ans, il prendra la suite de son grand-père au commandement du Worldshaker. Lors de l’annonce, Col fier et droit, ne se laisse pas intimider par ses futures fonctions et responsabilités. D’autant plus que ces dernières lui donneront enfin la possibilité d’explorer le mégalonef de haut en bas et d’en apprendre un peu plus sur les Immondes ainsi que sur la jeune fille qui a trouvé refuge sans sa cabine. Ce qu’il ne sait pas encore, c’est que Riff va bouleverser tous ses projets, lui faire prendre conscience des inégalités qui l’entoure, fomenter une révolution et connaître…l’amour.

Riff fait partie de la classe des Immondes. Elle a été prélevée pour être transformée en Larbin (serviteur docile et muet). Les immondes s’occupent, sous la menace des jets de vapeur, de faire fonctionner et avancer ce mégalonef.  La rumeur dit que ce ne sont presque plus des êtres humains. L’ont-ils été un jour d’ailleurs ? ils sont incapable de communiquer, grognent et se battent continuellement. Cette jeune immonde va éveiller la curiosité de Colbert. Tout d’abord, elle parle, elle brûle de curiosité pour le monde qui l’entoure. En sait beaucoup plus que lui sur les inégalités entre les Ponts et le sort réservés à ses semblables. Encore plus curieux, elle souhaite apprendre à lire !

Bon pour être franche, tout est noir ou blanc dans Le Worldshaker. Les méchants sont méchants et les gentils, vous l’aurez deviné… gentils.Les clichés sont nombreux et poussé à l’extrême. Comme si l’auteur avait voulu nous montrer les dérives possibles que pourraient produire ce genre de société (système de castes et par là même racisme, sexisme poussé à l’extrême …).

Il y a de nombreux passages extrêmement savoureux dans Le Worldshaker. J’ai vraiment aimé les personnages secondaires… jubilatoires. Jugez plutôt :

Col est au lycée et assiste au cours dispensé par M. Gibbon.

« – Bien, dit M. Gibbon en faisant craquer ses doigts. Notre prochain sujet d’études sera… sera… (il attendit d’avoir leur attention)… sera la géographie. Qu’est-ce que la géographie, Clatterick ?

– Aucune idée, monsieur.

– Parce que vous êtes un sot et un niais. Mais moi, je sais. Votre humble professeur, M. Bartrim Gibbon, sait.

C’était le vendredi après-midi, et Fefferley et Haugh avaient déjà sorti leurs oreillers. M. Gibbon déroula deux cartes, une du monde et une du Vieux Pays, qu’il épingla au tableau.

La géographie de M. Gibbons était aussi morale que tous ses autres cours. Il divisait le monde en bonnes et en mauvaises côtes. Les bonnes côtes, comme celles de la Floride et du cap York, étaient fermes et fières et pointaient dans l’océan. Les mauvaises côtes, tels le golfe du Mexique et la grande baie australienne, se repliaient vers l’intérieur comme des mauviettes. De manière générale, les côtes européennes étaient les meilleures de toutes, et celles du Vieux Pays absolument parfaites.

– Voyez le pays de Galles qui s’avance dans la mer, dit-il en pointant la carte avec l’une de ses cannes. Et les Cornouailles, ici. Le Kent. L’East Anglia. Toutes des côtes convexes. Des côtes pleines de caractère. »

Sir Mormus, va présenter officiellement son petit-fils à la reine Victoria et au prince consort à l’occasion du gala impérial. Tout au long du roman, ces deux personnages nous réservent des trésors de bons mots et de situations cocasses.

“Col inspira profondément et bomba le torse. Les traits de la reine Victoria étaient exactement tels que sur ses portraits : elle était noble et majestueuse comme un pur-sang de course. La seule différence était son froncement de sourcils, qui exprimait moins la sévérité qu’une migraine imminente. Sir Mormus fut le premier à s’incliner devant la reine, puis devant le prince consort. Col fit de même.

– Et bien, eh bien, eh bien, dit la reine Victoria.

Sir Mormus s’éclaircit la gorge.

– Puis-je vous présenter mon petit-fils, Colbert Porpentine ?

– Votre petit-fils (elle les examina attentivement l’un comme l’autre.) Vous devez donc être son grand-père…

– Il entre au lycée demain, poursuivit Sir Mormus.

– Ah. Le lycée. L’éducation. L’apprentissage.

La reine semblait avoir du mal à se concentrer sous le poids de sa couronne.

– Posez donc une question à ce garçon Albert.

– Quel genre de question, ma chère ?

– Ah… quelque chose fois quelque chose.

– Sept, dit le prince Albert. Sept fois…euh sept.

– Quarante-neuf, répondit immédiatement Col.

– Excellent effort, le félicita la reine Victoria.

– Remarquable, remarquable, approuva le prince Albert.

– Et juste Madame, Monseigneur, ajouta Sir Mormus.

– C’est encore mieux. (La reine Victoria se tourna vers son époux.) Posez-lui encore une question, mon ami.

– Voyons voir…(Le prince Albert mâchonna sa moustache pendant une demi-minute.) Je crois bien que je n’en ai plus.”

Une lecture commune avec Lhisbei (qui a eu la gentillesse d’attendre que je me remette de mes émotions) …. Le Worldshaker a été également lu dans le cadre du challenge Steampunk.

Présentation de l’éditeur
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Un roman « steampunk » épique, sur lequel souffle le vent rebelle d un premier amour.  1995, dans une autre Histoire. Colbert « Col » Porpentine, seize ans, est grisé par la nouvelle qui vient d être solennellement annoncée : à sa majorité, il sera appelé à succéder à son grand-père, Sir Mormus, aux commandes du Worldshaker, le gigantesque navire-monde sur lequel il vit
depuis toujours et qui parcourt terres comme mers. Mais le garçon ignore que sa vie va être bouleversée par l’irruption soudaine de la jeune Riff. Elle s est échappée des cales du vaisseau et fait partie de la classe des Immondes, contrainte d alimenter en charbon, sans relâche, les insatiables machines du Worldshaker. Avec son énergie et sa désarmante franchise elle va ouvrir
les yeux de l’adolescent sur les horreurs commises par cette société qu il croit connaître. La révolution, qui gronde depuis les entrailles du vaisseau, est en marche… Parviendront-ils à arrêter la course folle du Worldshaker, lancé dans une entreprise de destruction de l’humanité ? Un époustouflant roman uchronique, au rythme haletant, où l auteur joue avec les codes de la société victorienne pour (re)créer un univers régi par un système de classes totalitaire et abominablement cruel.
 

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Le Worldshaker


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14 réponses à “Richard Harland : Le Worldshaker”

  1. le personnage de Gibbon est totalement déjanté (une caricature du prof anglais violent). J’ai été agréablement surprise par la fin. J’attends le tome 2 maintenant 🙂

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