Merveille
Robert J. Sawyer
Traduction : Patrick Dusoulier
Éditeur : Robert Laffont / collection Ailleurs et Demain (24 février 2011) (403 pages)
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« Survivre est la priorité absolue » [Webmind]
Merveille raconte l’histoire du réveil d’une entité née dans le monde du web et de Caitlin, une jeune ado. Aveugle de naissance, Caitlin a eu la chance de se voir proposer par le professeur Kuroda de participer à une expérience qui consiste à connecter directement sur son nerf optique une prothèse (ce qu’elle appellera son “OeilPod”). Pour le moment, seul son oeil gauche est pourvu de cette sorte d’ordinateur connecté sur le web qui traite les signaux externes. Pour Caitlin, l’expérience est un échec. Jusqu’au jour où lors d’une mise à jour du logiciel, elle commence à voir des lignes et des cercles pendant le téléchargement. Elle commence effectivement à percevoir des formes, mais ce qu’elle voit n’est pas ce qu’elle compte voir ! Ce qu’elle perçoit, c’est le World Wide Web.
Dans le même temps, la Chine continue de brider Internet et de limiter les échanges au strict minimum. Un jeune bloguer chinois réussit à exploiter une faille dans le pare-feu et baisser le niveau du bouclier. Sans s’en rendre compte, cette action aura pour effet de faire émerger la conscience de celui qui se surnommera Webmind.
La vue de Caitlin, et la croissance de l’entité naissante convergent. Webmind, finit par envoyer un message dans l’OeilPod de Caitlin.
Deux thème prédominent dans Merveille :
La sensibilité de la structure des informations dites confidentielles hébergées sur le Net : Peux-ton laisser une entité en avoir connaissance (aucun mot de passe ne lui résiste) et détenir ainsi toutes les clés et moyens de pression envers les gouvernements ?
L’apparition de la conscience : A travers de l’OeilPod de Caitlin, de ses conversations avec ses parents (ah le père j’adore), Webmind découvre l’essence même des choses et du monde qui l’entoure. Ce qui fait l’homme, c’est la conscience qu’il a de sa propre mort et l’auteur a souhaité que pour webmind, l’idée même de sa propre fin germe « dans son esprit ». Il se rend compte que sa “vie” aussi peut disparaître du jour au lendemain car, aussi Divin qu’il puisse paraître, il n’en reste pas moins une entité ne pouvant subsister sans l’aide de l’humanité.
Il développe également une forme d’empathie pour l’humain :
“Mon esprit s’agitait et bouillonnait, remuant des pensées sur des millions de sujets qui se mélangeaient : des idées disparates se connectaient, celle-ci se juxtaposant à celle-là…
Les humains pouvaient oublier, ils pouvaient écarter des pensées de leur esprit. Mais moi, je ne le pouvais pas… Il y avait des choses auxquelles je ne voulais pas penser, mais que je ne pouvais éviter. Hannah Stark, 16 ans. Des pensées qui ne pouvaient être supprimées. Hannah, seule, triste, regardant sa webcam tout en échangeant des messages instantanées avec des étrangers” qui la regardèrent, tout comme Webmind, mettre fin à ses jours en direct.
Très vite, je me suis prise au jeu de ce monde complexe et invisible qu’est l’Internet et fini par me représenter Webmind comme » une personne » à part entière. Le concept de raisonnement et de pensée autonome pour une entité est difficilement assimilable par l’homme. J’imagine que dans le monde réel les difficultés que traverserait une telle entité seraient sans commune mesure avec les barrages relevés dans ce roman. Tout est un peu trop facile…même quand Webmind décide de se faire représenter et adresser un message aux Nations Unies. Quand on rencontre des méchants, on s’aperçoit très vite qu’ils n’en sont pas vraiment. L’autre faiblesse dans le roman a plus trait au rythme. Il manque un peu de suspens et de tension dans le récit, mais rien de bien fâcheux . Merveille est une lecture divertissante et agréable. Le monde du Web y est bien décrit et le vocabulaire compréhensible par tous.
Je viens de m’apercevoir que Merveille était le dernier tome de la trilogie WWW. Ma foi cet opus peut se lire indépendamment des autres
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Merveille
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Présentation de l’éditeur
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Caitlin, une jeune Américaine de seize ans aveugle de naissance, se voit proposer par un chercheur japonais une prothèse qui remédierait à la défaillance de son nerf optique. Dans un premier temps, la prothèse ne fonctionne pas bien et la jeune fille voit des figures géométriques dont elle parvient à comprendre qu’elles représentent le réseau Internet. Celui-ci, partiellement éveillé à la conscience, reçoit ce que voit l’oeil de Caitlin et découvre un nouvel univers. Une étrange amitié naît alors entre la jeune fille et cette Intelligence Artificielle nommée Webmind. Mais Watch, l’agence gouvernementale chargée de surveiller les communications mondiales, découvre Webmind et, convaincue qu’elle représente un risque pour la sécurité nationale, décide sous la houlette du colonel Hume et de son équipe de l’éradiquer par tous les moyens possibles. Après Eveil et Veille, Merveille conclut en fanfare la trilogie de Robert J Sawyer consacrée à l’émergence d’une Intelligence Artificielle aux pouvoirs largement surhumains, voire quasi divins, à partir d’Internet mais ne pouvant subsister sans l’aide de l’humanité.
0 réponse à “Robert J. Sawyer : Merveille”
Tu m’intrigues. Je n’avais pas lu beaucoup de bonnes choses sur cette trilogie, ce qui me désolait parce que j’aime bien cet auteur (bon, je ne l’ai plus lu depuis un bout de temps, mais j’ai eu ma période « Sawyer » il y a 5-6 ans). Tu me redonnes espoir. Du coup, je vais attendre avec impatience la sortie de cette trilogie en poche (bon, ce n’est certainement pas demain la veille que ça arrivera).
Tu vas lire les autres?
Franchement ? non. C’est sympa à lire mais à mon avis la réflexion de l’auteur n’est pas assez poussée. Je me demande vraiment si la trilogie n’est pas à destination des ado…
Connaissant l’auteur, ce ne serait pas improbable (et ce ne serait pas la première fois qu’un auteur de SF est publié dans la tranche d’âge qui n’est pas destinée à lire ses livres – je pense notamment à Bernard Werber qui serait moins décrié s’il était considéré comme l’auteur jeunesse que je trouve qu’il est en fait).
Ah c’est intéressant comme propos ! tu penses à quel livre ?
Bon je n’ai fait que survoler ton avis (parce je n’ai lu que le 1er tome) mais je crois que je vais rattraper le 2 et le 3 de cette trilogie 🙂 histoire de finir le cycle 🙂
Survole !! On en reparlera après 🙂
De Werber? Tous en fait. Je trouve que ses romans sont construits comme des romans jeunesse, qui peuvent réellement marquer des ados qui n’ont jamais rencontré ces idées, tout en semblant un peu trop simples à tout qui a déjà lu des choses similaires.
Je ne dis pas que ce sont forcément tous de bons romans jeunesse, mais la simplicité d’écriture, les résolutions finales, les personnages présentés ressemblent bien à ce qui se fait généralement dans le genre (tout en gardant en tête que les bons romans jeunesse sont quand même un peu plus complexes).
De Sawyer? Je pense à sa trilogie sur les hommes de Néanderthal (trilogie très intéressante qui présente un monde parallèle où ce sont les hommes de Néanderthal qui ont évolué, ainsi que le passage d’un de ces hommes dans notre monde et la confrontation de nos deux modes de vivre).
Je découvre la littérature jeunesse depuis peu…. Je pense que tu as sacrément raison pour Werber. A l’exception, peut-être des Thanatonautes qui me semble avoir une approche plus adulte plus mure et plus réfléchie.
Enfin, comme je l’ai lu il y a longtemps, c’est le souvenir qu’il me reste. Et nous savons combien cette dernière peut être trompeuse parfois 😉
Les « Thanatonautes » peut-être effectivement, quoique la volonté pédagogique (présente dans tous les livres de Werber et les questionnements sur la mort sont assez similaire à ce qui se fait en jeunesse (comme le disait Pullman dans un documentaire sur J. K. Rowling, la littérature jeunesse va s’attacher à parler de grandes questions de la vie souvent, à pousser une réflexion sur qui nous sommes, pourquoi nous sommes là, des trucs comme ça). Mais c’est beaucoup plus marquée dans la trilogie divine qui vient après, qui là est clairement construite comme de la jeunesse.
Il faut dire que ma position tient aussi au fait que j’ai adoré cet auteur adolescente, et que je l’ai par contre regardé complètement différemment adulte, mais que je ne peux lui en vouloir pour son style et ses idées continuellement remâchées parce que justement, il avait su émouvoir l’adolescente que j’étais.
Qui nous sommes, pourquoi nous sommes là…sont de grandes questions philosophiques auxquelles, malgré mon âge avancé, je n’ai trouvé réponse.
Ce que tu dis là de Werber est plein de bon sens : ado, on en raffole. Beaucoup de pédagogie dans ces livres,…une fois adulte, c’est un peu léger, mais il y a une sorte de nostalgie qui fait que l’on continue à lire ces nouveaux romans … même si l’on est à chaque fois un peu plus déçu
Effectivement. D’ailleurs, question déception, je dois dire avoir définitivement arrêté avec l’avant-dernier, « Le papillon des étoiles », sorte de resucé maladroit de tout ce qu’il a fait avec une fin tellement grosse qu’on la devine dès les premières pages. j’ai été trop déçue par ce roman-là qui a marqué la rupture d’avec l’adolescente amatrice de l’auteur que j’ai été, malheureusement.
Ah me parle pas de ce livre ! Je crois que je n’ai jamais été aussi en colère envers un écrivain.
Oh, ben tu me rassures du coup!
🙂
Très intéressant ce préambule. Merci pour cette référence.