Tricia Sullivan : Maul


Maul

Tricia Sullivan

Éditeur : Au Diable Vauvert (21 avril 2011) (540 pages)
Traduction de Diniz Galhos
genre : Science-fiction / post-apocalyptique / dystopie

“J’ai attaché le flingue à l’intérieur de ma cuisse avec ma bande Velcro. C’est limite démodé de la porter comme ça, mais les filles qui utilisent des holsters ou des ceintures en cuir sont des amatrices : avec le Velcro, on peut sortir son truc au moment précis où on en a besoin.
J’ai une ceinture à munitions rose. Elle est lourde, mais il faut souffrir pour être belle.

Le monde imaginé par Tricia Sullivan a été frappé d’un mal étrange. Les pestes Y ont infecté et éliminé la plupart des mâles de la planète. Les derniers représentants occupent des postes sans valeur dans la hiérarchie sociale mais les plus forts d’entre eux, (génétiquement et esthétiquement parlant), sont les mâles habilités à la reproduction. Ils vivent dans des constellations, “des fleurs de serre” et passent leur journée à faire du sport tout en se préparant au concours de “l’Aspirant-Verrat.”

S’il y en a une qui se moque complètement de ce concours à la sauce testostérone, c’est bien Sun, une jeune fille qui compense largement l’absence d’homme dans sa vie par un amour assumé pour son flingue. Elle a des paroles très crues, des idées préconçues et une conception de la mode bien particulière.

C’est dans un centre commercial que sa vie va basculer. Elle s’y dirige avec sa bande de copine pour répondre à l’invitation d’une bande rivale. Bien entendu, et c’est ce qui est excitant, cette rencontre sent l’embrouille et le guet-apens. Effectivement, le ton monte bien vite, les insultes fusent, jusqu’à ce que l’amie de Sun, Suk-Hee, saute sur un stand de produits de beauté et ouvre le feu, ce qui déclenche aussitôt confusion et fusillade. Maintenant Prise au piège dans ce centre commercial, Sun essaye désespérément d’échapper aux gardes, aux membres de gangs rivaux et la police. Le tout bien entendu entre deux essayages de sous-vêtements sexy 🙂

“j’ai essayé d’évaluer l’avantage que me donnait mon expérience du maniement des armes à feu, et j’ai abouti à un truc proche du zéro. Ah putain, rien à foutre. Action.

Une meuf à crié et deux mecs bien baraqués qui portaient une sorte de blouse de labo se sont dirigés vers Suk Hee. Ils se sont figés quand ils m’ont vue. Mon fidèle machin était passé de l’intérieur de ma cuisse au creux de ma main.”

Bien loin de toute cette agitation, vit Meniscus, un clone autiste et rat de laboratoire de son état. Maddy, la scientifique qui travaille sur la peste-Y et ses variantes, pratique sur lui des expériences, le considérant plus comme une ferme à microbes, qu’un être humain.

Pourtant, Meniscus se meurt et souffre atrocement. Il est à l’agonie la plupart du temps et quand il n’en peut plus, il se réfugie dans un système de réalité virtuelle. Le mall est sa retraite. Cet univers intérieur l’absorbe si profondément qu’il devient imperméable à sa propre souffrance. Souffrances aussitôt analysées par les puissants ordinateurs du labo.

“Maddie plaqua un patch d’endorphines sur on bras et ferma les yeux en s’adossant à son fauteuil…Le bio logiciel de NoSystems ne cessait de s’immiscer dans le sujet de Maddie au niveau cellulaire, et envoyait de fébriles paquets de données à l’I-Mage. Tout ce qui se passait en Meniscus – tout ce qui était détectable en lui, était lu et enregistré. Chaque empreinte de ses pensées était stockée dans les bases de données Muse sous la forme de vérités physiologiques que Maddie, à partir de sa propre Muse, aurait tout le loisir de distiller le lendemain. Après 6 heures passées à lutter contre les données recueillies par les scanners lumineux de l’I-Mage qui étaient passées et repassées sur la peau meurtrie de Meniscus, Maddie n’était guère plus avancée…La crise de Meniscus avait débuté à 11h58…C’était à ce moment que Mall s’était emballé, le subconscient de Meniscus ayant soudain exigé l’ensemble des ressources de calcul des processeurs. Mais pourquoi ? qu’en était-il de Mall ? Quel rôle avait-il joué dans la crise ? Maddie ne s’était jamais vraiment intéressée à ce jeu : Taktarov avait juré de ses vertus thérapeutiques en avançant que Mall permettait de maintenir Meniscus en vie en dépit de son état.”

La particularité de Maul, ce sont ces deux histoires parallèles qui se télescopent peu mais sont pourtant complémentaires. Tel un immense jeu de piste, on en retrouve des échos, savamment distillés dans les différents chapitres.

Détrompez-vous si vous pensez qu’une société matriarcale est synonyme de paix et d’harmonie. Sullivan a trempé sa plume dans du vitriol pour écrire Maul. Bien loin d’un livre anti ou pro féministe, Ce portrait de femmes fait plutôt état de ce que donne le pouvoir, livré ici entre les mains des femmes (laissant aux hommes le rôle d’homme objet).

Cette vision féminine d’un monde post-apocalyptique dominé par la gent féminine est originale. Suffisamment rare en SF pour le souligner, Tricia Sullivan ose même quelques passages chargés d’érotisme et de sensualité.

 

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Présentation de l’éditeur
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Un virus a exterminé la quasi-totalité de la population mâle de la planète. Dans un centre commercial, des gangs de filles s’expliquent à coups de flingue. Sun Katz, guerrière hyper sophistiquée et ses filles ouvrent le feu contre 10Esha et ses guerrières… Chaos consumériste, mondes virtuels, épidémies mondiales, idéologie politique, sexe et shopping : un roman féminin et féministe dans un monde à la Blade Runner ! Née en 1968 aux Etats-Unis, Tricia Sullivan a étudié la musique et les arts martiaux. Auteur de plusieurs romans et nouvelles, elle a reçu le prestigieux Arthur C. Clarke Award en 1999. Elle vit en Angleterre depuis 1995 avec sa famille.


11 réponses à “Tricia Sullivan : Maul”

  1. Tu as été assez sage dans ton compte-rendu (quoique « cuisse » puisse déjà t’offrir d’éventuelles requêtes amusantes).

    Je l’avais repéré celui-là, mais l’avais reposé à cause de l’aspect « gang ». Tu me retentes du coup…

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